Frenetic City

Lorsqu’on divise la surface terrestre disponible par la population mondiale, on obtient la densité globale sur terre.. Elle est en gros de 50 personnes par km², soit une personne séparée par 150 m de son voisin le plus proche. Han Shun Zhou a choisi de rendre compte d’une des extrêmes de cette moyenne abstraite : l’hyperdensité…

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Avais-tu en tête de saisir un aspect particulier de la densité d’une ville comme Hong Kong ?
Oui, je voulais donner forme aux sentiments d’isolation, de solitude et de perte d’identité qui sont pour moi associés à la vie urbaine. J’ai vécu à Hong Kong de 2014 à 2017. Lorsque je suis arrivé, j’ai été submergé par l’intensité des rue bondées et de leur nature chaotique. Frenetic City a été ma réaction photographique à ce choc.
D’après les données d’ONU Habitat, Dhaka avec une densité de population de 44,500 personnes/km² est la vie la plus densément peuplée du monde, puis vient Mumbai, Medellin et Manille, qu’en est-il de Hong Kong ?
Hong Kong est l’une des villes les plus peuplée du monde avec 6659 pers/km² en moyenne. Un chiffre qui peut s’envoler, dans le district de Kwun Tong par exemple, avec 57,520 pers/km². Quant au quartier commerçant de Mong Kok, il est donné pour être le lieu le plus densément peuple du globe. Le Guiness Book avance 130,000 pers/ km². La raison principale l’archipel de Hong Kong est en majorité montagneux, et seulement 1/5ème de sa surface est constructible.
Tu es toi-même né à Singapour, qui fait également partie des villes plus densément peuplées. Y a-t-il une différence entre la densité de Hong Kong et celle de Singapour, une manière différente d’occuper l’espace ?
Bien que Singapour affiche une densité de 8337 pers/ km², le terrain utilisé pour le développement de la cité-État est très largement reparti sur l’île. Le ressenti de Hong Kong est beaucoup plus intense. A Singapour les gens sont également très actifs, mais le sentiment d’urgence si présent ici est bien moindre… Par exemple, tu peux rester sans problème assis devant ton café pendant une heure à Singapour, alors qu’a Hong Kong, tu as à peine fini ton repas que l’addition est devant toi. En général, les hongkongais se donne à fond dans un but : joindre les deux bouts, en raison, bien sûr, des prix astronomiques atteints par l’immobilier…
Peux-tu nous parler de ta manière de travailler pour obtenir ces apparitions sur tes images?
La création de chaque photographie demande que je reste sur le lieu de prise de vue entre 5 et 7 heures par session. Au travers du viseur d’un vieil Hasselblad, je crée chaque photo en superposant une sélection de personne ou de groupes de personnes au format 6X6. Pour chaque lieu photographié, j’utilise une pellicule, ça représente donc 12 poses. Chaque photo de cette pellicule de 12 poses est exposée de 10 à 50 fois… La réalisation d’une photo prend donc beaucoup de temps compte tenu du choix que je veux faire des personnes ou groupe que je veux voir apparaitre. Et comme je photographie sur pellicule, la chance et l’aléatoire jouent un rôle important quand je développe les négatifs… La plupart du temps, je dois retourner sur les mêmes lieux pour refaire ma prise de vue.
Est-ce que tu rêves parfois de lieux déserts ?
Hé bien, je suis un citadin, et je ressens le désir de m’échapper dans des lieux perdus de temps en temps, c’est vrai… Et la photographie me donne une bonne excuse pour le faire…

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