Vérité crue

Entre Chiang Mai et Bangkok, des nouvelles du Pays du sourire édenté.

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Qu’est-ce qui est Cru, (Raw), dans ton travail, pour que tu nommes ainsi ta série?
Après avoir passé deux ans à New York, j’ai eu l’occasion de retourner en Thaïlande pour un mois. Ceci m’a donné l’opportunité de voir mon pays d’une perspective différente. Vivre et grandir à l’étranger ont radicalement ouvert la manière dont je me projetais. J’ai vu des choses auxquelles je n’avais jamais prêté attention, de la beauté dans les choses les plus banales de la vie de mon pays. J’ai vu aussi ce que je détestais dans ces choses. C’était comme si j’avais une relation d’amour/haine avec tout ça. Quand au nom de la série, « raw » est la traduction d’un mot thaï se prononçant « dip » et qui signifie « cru », tout simplement, mais aussi une « froide et implacable vérité », qui est, à mon sens, la parfaite définition de mon travail. C’est une histoire de vie et de vérités à la sauce thaïe, et de mon point de vue.
Qu’aimes-tu, et que rejettes-tu dans ce que tu vis et vois de ton pays?
J’aime la Thaïlande, sa cuisine fantastique, la gentillesse que manifestent si facilement les gens, la beauté des lieux et paysages, en plus c’est bon marché! Mais des choses mériteraient d’être réformées, comme le système éducatif et politique…
Cherches-tu a définir une sorte de trash thaï visuel, a casser les clichés d’un pays et d’une population souvent décrite comme gracieuse?
Non, pour moi, ça n’a rien à voir avec casser des clichés, ce genre de choses. Cette esthétique nait du fait que plus je suis prêt de mon sujet, plus je me sens dans son intimité. Quand je regarde les photos, je les trouve intenses et belles à leur manière, et pas en rapport aux standards de bienséance visuelle. Je tente juste de convertir la réalité de la scène qui me fait face en images.
Depuis une petite dizaine d’années, une génération très active et talentueuse de street photographes, dont beaucoup gravitent autour de Street photo Thailand s’est fait connaître à l’international, te sens-tu proche de cette vague?
Bien, je dirais que je fais partie de cette nouvelle ère de la photographie numérique, et je suis très heureux que la street photographie sois rendue plus accessible grâce à ces outils et acceptée comme un art, un genre à part entière. J’aimerais aussi tout photographe sache qu’il peut se joindre à cette vague ici en Thaïlande.
Beaucoup de galeries qui ont ouvert récemment à Bangkok et Chiang Mai. Penses-tu que l’intérêt et/ou la perception de la photographie est entrain de changer en Thaïlande?
C’est un fait, la communauté des photographes s’est rapidement agrandie depuis que les outils numériques sont accessibles. Il y a plus de photographes qu’il n’y en a jamais eu ici, et beaucoup sont vraiment bons dans ce qu’ils font. Quelques-uns ont une audience internationale et deviennent une force motrice qui montre que oui, nous aussi, on peut y arriver. Dans l’ère d’Internet qui est la notre, les travaux de photographes de toutes parties du monde sont accessibles, à disposition, c’est une source incroyable de connaissance et d’inspiration.

 

Quel chemin voudrais-tu que tout ça prenne dans le futur?
Là où j’en suis, je n’en sais encore rien… Mais l’inspiration peut venir de n’importe où, alors je suis ouvert et attentif pour voir où la vie me mènera. Pour moi les photographies sont un puzzle. Tu peux parfois trouver différentes façon de les assembler, que ça soit les images entre elles ou les séries d’images, ou encore entre l’image et toi-même…

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