Home & Home

Une maison est percée de portes et de fenêtres, c’est encore le vide qui permet l’habitat. Lao-tseu, Tao-tö king

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Pourrais tu définir par trois mots ce que représente la maison pour toi ?
Mémoire, famille et amis, nid

Tu photographies à la fois intérieurs et extérieurs, quelles sont les limites de la maison?
Dans cette série New-York aussi bien que Tokyo, deux villes où j’ai vécu et auxquelles je me sens connectée sont considérées comme des extensions de la maison.

 

Il y a des effets de pièces de puzzle mal ajustées, de distorsions de perspectives étonnantes dans tes images, comme si ta maison était -émotionnellement tout au moins- disloquée…
J’ai commencé à faire des images de ce travail après mon départ de Tokyo pour New-York. Je ne me sentais pas avoir perdu mon chez-moi au Japon, mais quelque chose en moi a régit à mon environnement immédiat. Avoir ce genre d’expérience interculturelle surligne d’où vous venez et m’a donnée l’inspiration du contenu de cette série. La dislocation justement, l’ajustement, la transformation, le confort et l’inconfort, la mémoire sont des notions primordiales de cette série.

 

Les effets d’échelle des pièces du foyer dans certaines images semblent à la fois ironiques et cauchemardesques, comme dans certaines nouvelles de JG Ballard, où la perception de l’espace des personnage est juste un symptôme de leur relation à leur environnement, ou de leur inconfort.
Je pense que percevoir l’espace et notre environnement en effet dépends de notre mémoire, et d’où, et dans quelle culture on a grandit. Scruter une maison de poupée est une vraie expérience psychologique en raison de l’effet d’échelle comme tu disais.J’aime observer et expérimenter les espaces architecturaux particuliers. Alors j’ai crée des modèles dont les plans sont trapézoïdaux et donc inclinés. J’ai aussi placé des objets miniature qui miment la vie quotidienne au Japon. Le résultat, entre maquette et maison de poupée reflète les émotions et souvenirs de cette période. Initialement je voulais faire une série à part avec des lieux ayant également cet air de maison de poupée, mais j’ai été séduite par cette question : de quoi aurait l’air ma série si je combinais images de vrais lieux d’habitation et images d’espaces miniatures ? Cette juxtaposition évoque pour moi la possibilité d’aller et venir d’un espace, d’un lieu à un autre, mais aussi d’aller et venir entre présent et passé.

 

Dans d’autres images -souvent drôles- de la série, la femme présente semble être sur le point de crouler ou d’être enfouie sous les objets du quotidien…
C’est une femme qui fait face à l’incertitude, au dilemme, à la crise d’identité. Comme l’une de ces femmes j’explore les problématiques liées à la féminité, la maternité, le genre également.Ici les gestes de la vie quotidienne sont mis en avant, et j’ai utilisé le retardateur pour photographier les actions de cette femme. Il en résulte qu’elle apparait souvent maladroite, drôle ou instable.

 

La série commence avec un jeune femme solitaire, puis des amies apparaissent, puis des amis et elle se finit sur une scène d’enfant jouant. Ce récit est-il autobiographique?
En effet c’est un travail photographique autobiographique, issu de mon expérience interculturelle à New-York, et aussi de ce que m’inspire les événements de la vie quotidienne.

 

La naissance de ton enfant boucle-t-elle la série ?
Maintenant je dirais : oui, la photo de mon enfant portant un costume de lapin en peluche est la dernière de Home & Home. Je pense que j’en ai fini avec cette série et travaille actuellement sur un autre projet.

 

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