7465
Quand la Thaïlande de l’adolescence et du genre en devenir rencontre celle de l’esprit de corps et de l’uniforme.
Quelle est la signification de ce chiffre qui est le titre de ta série ?
7465 est le numéro d’identification d’un de mes sujets. C’est une transsexuelle qui a fréquenté une école pour garçons. Cependant, ce n’est pas son numéro d’identification officiel. Elle m’a raconté une histoire sur le chaos causé par les anciens élèves de l’école qui étaient contre le fait qu’elle porte un maquillage léger alors qu’elle portait l’uniforme de l’école après avoir trouvé une photo d’elle sur les médias sociaux. Depuis lors, elle a confectionné son propre uniforme d’étudiante avec son propre sigle d’école et son numéro d’identification cousus sur sa chemise. J’ai choisi ce numéro comme titre du projet après avoir entendu l’histoire. 7465 représente la façon dont une personne qui essaie d’exprimer sa propre identité, qui semblait bien s’accorder avec la série.
En Thaïlande, l’uniforme des étudiants n’est pas seulement une tenue. L’uniforme représente l’unité, l’hégémonie, la hiérarchie, la distinction de classe et le patronage. Mais qu’en est-il de l’élève qui porte l’uniforme ? J’ai toujours voulu créer un travail sur l’uniforme des étudiants thaïlandais car il joue un rôle important dans la culture de notre jeunesse, pendant 19 ans de notre vie, de la maternelle à l’université. Après des mois de recherche sur les questions relatives à l’uniforme des étudiants thaïlandais, tant dans des contextes socioculturels que dans des œuvres visuelles. J’ai finalisé mon projet qui porte sur la façon dont les jeunes étudiants s’expriment au-travers et malgré les uniformes scolaires.
7465 est le numéro d’identification d’un de mes sujets. C’est une transsexuelle qui a fréquenté une école pour garçons. Cependant, ce n’est pas son numéro d’identification officiel. Elle m’a raconté une histoire sur le chaos causé par les anciens élèves de l’école qui étaient contre le fait qu’elle porte un maquillage léger alors qu’elle portait l’uniforme de l’école après avoir trouvé une photo d’elle sur les médias sociaux. Depuis lors, elle a confectionné son propre uniforme d’étudiante avec son propre sigle d’école et son numéro d’identification cousus sur sa chemise. J’ai choisi ce numéro comme titre du projet après avoir entendu l’histoire. 7465 représente la façon dont une personne qui essaie d’exprimer sa propre identité, qui semblait bien s’accorder avec la série.
En Thaïlande, l’uniforme des étudiants n’est pas seulement une tenue. L’uniforme représente l’unité, l’hégémonie, la hiérarchie, la distinction de classe et le patronage. Mais qu’en est-il de l’élève qui porte l’uniforme ? J’ai toujours voulu créer un travail sur l’uniforme des étudiants thaïlandais car il joue un rôle important dans la culture de notre jeunesse, pendant 19 ans de notre vie, de la maternelle à l’université. Après des mois de recherche sur les questions relatives à l’uniforme des étudiants thaïlandais, tant dans des contextes socioculturels que dans des œuvres visuelles. J’ai finalisé mon projet qui porte sur la façon dont les jeunes étudiants s’expriment au-travers et malgré les uniformes scolaires.
Le fait de prendre des photos de ces adolescents a-t-il changé regard sur ce qui se cache sous l’uniforme ?
J’ai l’impression que mon point de vue reste le même, même après avoir réalisé ce projet. J’ai commencé ce projet avec le sentiment que le port de l’uniforme scolaire ne devrait pas être obligatoire, car il s’accompagne d’un code vestimentaire rigide et pas pratique. Les élèves sont obligés de suivre le règlement de l’école de la tête aux pieds – coiffure, tenue, chaussettes et chaussures, qu’ils aillent dans une école publique ou privée. Tout au long de mon parcours, de la recherche à la réalisation de ce projet, ma première impression s’est confirmée. De plus, j’ai beaucoup appris des expériences des diverses personnes que j’ai côtoyées, à la fois de mes sujets photo du public qui a ses propres histoires sur l’uniforme.
J’ai l’impression que mon point de vue reste le même, même après avoir réalisé ce projet. J’ai commencé ce projet avec le sentiment que le port de l’uniforme scolaire ne devrait pas être obligatoire, car il s’accompagne d’un code vestimentaire rigide et pas pratique. Les élèves sont obligés de suivre le règlement de l’école de la tête aux pieds – coiffure, tenue, chaussettes et chaussures, qu’ils aillent dans une école publique ou privée. Tout au long de mon parcours, de la recherche à la réalisation de ce projet, ma première impression s’est confirmée. De plus, j’ai beaucoup appris des expériences des diverses personnes que j’ai côtoyées, à la fois de mes sujets photo du public qui a ses propres histoires sur l’uniforme.
Est-ce la manière dont tu as ressenti la situation en tant qu’étudiante ?
Personnellement, j’ai aussi été obligée de porter un uniforme scolaire et de suivre la réglementation pendant 19 ans, soit plus de la moitié de ma vie. En me basant sur ma propre expérience, j’ai eu l’impression que les étudiantes ont un peu plus de liberté -au niveau de la coiffure par exemple- pendant le lycée. Elles peuvent choisir d’avoir les cheveux longs ou courts après avoir été obligées de ne porter qu’un bob pendant une décennie pour celles qui vont à l’école publique. En outre, beaucoup d’étudiantes portent un short sous la jupe, ou certaines choisissent plutôt de porter un uniforme de gym avec un pantalon long tous les jours. On nous a dit que nous serions considérées comme de « bonnes élèves » si nous suivions simplement les règles. En fait, je n’y ai pas réfléchi à deux fois lorsque j’ai été obligée de porter cet uniforme, c’était la norme. Nous n’avons pas vraiment eu de discussion entre les élèves, nous nous plaignions seulement de temps en temps. Jusqu’à ce que j’aille étudier à l’étranger, où j’ai la liberté de porter n’importe quelle tenue à l’école, pour faire l’expérience d’une nouvelle norme.
Personnellement, j’ai aussi été obligée de porter un uniforme scolaire et de suivre la réglementation pendant 19 ans, soit plus de la moitié de ma vie. En me basant sur ma propre expérience, j’ai eu l’impression que les étudiantes ont un peu plus de liberté -au niveau de la coiffure par exemple- pendant le lycée. Elles peuvent choisir d’avoir les cheveux longs ou courts après avoir été obligées de ne porter qu’un bob pendant une décennie pour celles qui vont à l’école publique. En outre, beaucoup d’étudiantes portent un short sous la jupe, ou certaines choisissent plutôt de porter un uniforme de gym avec un pantalon long tous les jours. On nous a dit que nous serions considérées comme de « bonnes élèves » si nous suivions simplement les règles. En fait, je n’y ai pas réfléchi à deux fois lorsque j’ai été obligée de porter cet uniforme, c’était la norme. Nous n’avons pas vraiment eu de discussion entre les élèves, nous nous plaignions seulement de temps en temps. Jusqu’à ce que j’aille étudier à l’étranger, où j’ai la liberté de porter n’importe quelle tenue à l’école, pour faire l’expérience d’une nouvelle norme.
La perception du genre n’est-elle pas paradoxalement atténuée par l’uniforme ? C’est ce que je ressens personnellement en voyant tes portraits…
Pour la société thaïlandaise, l’uniforme scolaire fait une distinction très nette entre l’homme et la femme. C’est un outil d’unification. L’élève ne peut pas se travestir – la femme porte des jupes et l’homme porte des shorts. Les filles peuvent porter des pantalons de sport longs uniquement pour les cours d’éducation physique. Dans de nombreuses écoles, les élèves doivent coudre leur nom avec le nom de l’école et de la classe. C’est très normatif mais en même temps chacun a sa propre expérience de ça…
Pour la société thaïlandaise, l’uniforme scolaire fait une distinction très nette entre l’homme et la femme. C’est un outil d’unification. L’élève ne peut pas se travestir – la femme porte des jupes et l’homme porte des shorts. Les filles peuvent porter des pantalons de sport longs uniquement pour les cours d’éducation physique. Dans de nombreuses écoles, les élèves doivent coudre leur nom avec le nom de l’école et de la classe. C’est très normatif mais en même temps chacun a sa propre expérience de ça…
De l’uniforme à l’école on passe facilement à celui de l’armée. L’esprit militaire te semble-t-il très présent dans la société thaïlandaise?
La culture militaire a fortement influencée la société, et le système éducatif thaïlandais pendant de nombreuses décennies. La Thaïlande a été dirigée par tant de gouvernements de junte venus au pouvoir par des coups d’État qu’on peut dire que c’est une forme de gouvernance locale. Ces méthodes sont profondément enracinées dans la société. L’uniforme scolaire est un échantillon de cette culture. Tout le monde suit l’ordre sans se poser de questions pour être « le même » dans l’unité. Ton identité et ton individualité n’ont pas d’importance, et tu ne peux pas être différent. Il faut rappeler aussi qu’à l’heure actuelle, la Thaïlande est dirigée par une junte depuis six ans.
La culture militaire a fortement influencée la société, et le système éducatif thaïlandais pendant de nombreuses décennies. La Thaïlande a été dirigée par tant de gouvernements de junte venus au pouvoir par des coups d’État qu’on peut dire que c’est une forme de gouvernance locale. Ces méthodes sont profondément enracinées dans la société. L’uniforme scolaire est un échantillon de cette culture. Tout le monde suit l’ordre sans se poser de questions pour être « le même » dans l’unité. Ton identité et ton individualité n’ont pas d’importance, et tu ne peux pas être différent. Il faut rappeler aussi qu’à l’heure actuelle, la Thaïlande est dirigée par une junte depuis six ans.
Watsamon « June » Tri-yasakda vit et travaille à Bangkok. Elle documente de manière engagée les problématiques de la communauté LGBTIQ en Thaïlande et en Asie du Sud-Est.