Self(ish) tenderness
Mirez Miror
Comment considères-tu ton travail : un journal intime, une cartographie de ton corps et de ton esprit, quelque chose d’autre ?
Un journal intime! Juste parce que l’essentiel des choses et personnes que je fixe en images font partie de ma vie quotidienne.
Quel état d’esprit te pousse à prendre des photographies?
Je me suis toujours sentie désemparée avec les mots. J’ai réalisé que capturer l’instant était la façon la plus simple de m’exprimer. J’ai commencé et continue à le faire depuis cette découverte.
Crois-tu que ta pratique a évolué ces dernière années? Il me semble que tu tournes moins ton appareil vers toi que par le passé, et que ton environnement est plus présent…
Ça a changé d’une certaine manière, oui. Actuellement je peux clairement voir ce que je veux capturer, l’intégrer dans ma trame pour obtenir l’effet désiré. Avant j’étais j’étais plus dans une expérimentation, un jeu entre moi et les personnes qui m’entouraient, plutôt aléatoire et improvisé.
L’expérience je suppose! J’ai appris à construire mon propre corpus, à plus me concentrer sur ce qui me captive au lieu de juste prendre des photos au hasard des circonstances… Enfin ça m’arrive encore quoi qu’il en soit…
Tu vis à Saïgon, qu’en est-il de la scène photographique dans cette mégapole?
Mon impression est que la photo suscite beaucoup d’intérêt ici, mais aussi que beaucoup de personnes -surtout les plus jeunes- , s’en tiennent à une phase exploratoire, sans la dépasser. Les restrictions et la censure qu’exerce le gouvernement font qu’il est difficile pour la scène photo locale d’avoir des espaces où les gens puissent voir les travaux, et donc apprendre, découvrir, et développer leur propre discours. En plus, il y a d’autres freins comme le manque de discours critique, de commissaires d’expo instruits et investis, et aussi d’un marché de l’art mûr, qui fasse que l’artiste peut vivre de sa production. Mais il faut dire aussi qu’actuellement, il y a de plus en plus de lieu qui s’ouvrent, d’opportunités pour la jeune création de s’épanouir, ça s’ouvre… Quoi que lentement… Je crois vraiment que la situation va continuer à bouger dans le temps…
Qui sont les 2,3 photographes vietnamiens les plus intéressant selon toi?
Il n’y en a pas.
Yatender aka Ao Kim Ngân vit et travaille à Saïgon.